Graham Howes : une légende du kitesurf, un esprit libre et une voix courageuse pour la santé mentale
Le 7 septembre 2025, Graham Howes, kitesurfeur professionnel originaire du Cap et fondateur du collectif Dirty Habits, perdait la vie en mer alors qu’il naviguait au large d’Eden on the Bay. Selon les conclusions officielles rendues publiques quelques semaines plus tard, il aurait été heurté de plein fouet par une baleine alors qu’il s’était approché d’un groupe de cétacés. Le choc, d’une intensité extrême, l’aurait rendu inconscient sur le coup, entraînant une noyade sans souffrance.
Un accident aussi brutal qu’imprévisible. Un drame qui a marqué toute la communauté du kitesurf, bien au-delà de l’Afrique du Sud.
Mais pour ceux qui le connaissaient de près, ce n’est pas seulement un accident qui est survenu ce jour-là.
Un homme lumineux, traversé par l’ombre
Graham Howes n’était pas seulement un rider talentueux, un créatif touche-à-tout et un personnage public très aimé. Il était aussi un homme qui avait appris à parler de ce que beaucoup préfèrent taire.
En 2019, il avait publié un texte personnel dans lequel il racontait son combat contre la dépression. Il y évoquait notamment sa première crise de panique, survenue… en kite :
« J’ai eu ma première attaque de panique pendant un long downwinder. J’étais persuadé de faire une crise cardiaque. À cet instant précis, la dépression venait de me prendre ce que j’aimais le plus : l’océan, mon endroit refuge. »
Dans cette lettre ouverte, Graham ne cherchait ni la pitié ni l’attention. Il posait simplement les mots sur une réalité encore trop taboue, notamment dans le monde des sports extrêmes. Il expliquait comment, malgré une vie remplie de projets, d’énergie et de succès, il s’était retrouvé seul face à une maladie silencieuse, incomprise, et destructrice.
Il y parlait aussi de l’invisibilité du mal-être mental, et de cette contradiction douloureuse entre l’image publique qu’on renvoie, et la réalité qu’on vit à l’intérieur.
Ce que son histoire nous dit aujourd’hui
Rien ne permet d’affirmer que la santé mentale de Graham ait joué un rôle dans son décès. Les faits sont clairs : il est mort après une collision violente avec un animal marin. Mais les réflexions qu’il partageait de son vivant, elles, résonnent encore plus fort aujourd’hui.
Il écrivait notamment :
« Les gens ne simulent pas la dépression. Ils simulent le fait d’aller bien. »
Cette phrase, comme tout son témoignage, continue d’interroger. Elle rappelle que l’on peut être solide, inspirant, aimé… et malgré tout souffrir profondément. Elle invite à regarder autrement ceux qui nous entourent, et à ne pas attendre que ce soit “trop tard” pour ouvrir la conversation.
Une communauté qui ne l’oubliera pas
À Bloubergstrand, ses amis, sa famille, et de nombreux kitesurfeurs se sont réunis à Small Bay pour un paddle-out en sa mémoire. Une cérémonie simple, émouvante, en mer.
Partout dans le monde, les hommages se sont multipliés. Tous décrivent un homme passionné, entier, drôle, généreux. Un pionnier qui a contribué à faire de Cape Town une destination de référence pour le kitesurf, mais aussi un ami fidèle, un mentor, un moteur.
Dirty Habits, le collectif qu’il avait fondé, a publié un message fort :
« Graham était le cœur battant de notre communauté. L’énergie qu’il a créée continuera d’exister, à travers nous tous. »
Continuer à parler, à rider, à vivre
Ce que Graham laissait entendre dans ses écrits, c’est qu’il n’avait pas de solution miracle. Mais il savait que parler était déjà un acte fort. Il rêvait de voir émerger une culture du sport plus honnête, plus équilibrée, où l’on pourrait parler aussi bien de performance que de vulnérabilité.
Chez Kite4all.be, on partage cette vision. Parce que les sports de glisse, ce ne sont pas que des figures, des records et des images. C’est aussi un lien intime avec soi-même, une recherche de liberté et parfois… un refuge.
Graham Howes restera une figure inspirante, à la fois pour ce qu’il a accompli sur l’eau, et pour ce qu’il a osé dire à terre.